XIIIème siecle.LES CHARTES DU CARTULAIRE DE LEONCEL ELABOREES A ROMANS (1)

Nos cisterciens ne s’implantèrent à Romans qu’en 1357, date de l’achat d’une première maison. Mais la relative proximité de la Part-Dieu et l’extension des possessions cisterciennes dans le Mandement de Pizançon expliquent le nombre non négligeable de chartes élaborées à Romans.
Le 4 mars 1214, dans la cour de la maison de l’archiprêtre Pierre d’Arléan, au bord de l’Isère, les fils de Guillaume Didier donnent à l’abbaye un sétier de froment de cens qu’ils levaient sur le territoire du moulin de la Part-Dieu, deux corvées de bœufs et 8 deniers de cens. Les moines lui remettent 6 livres viennoises et demie. En outre, la famille abandonne le tiers d’un quartaut sur la moitié du manse de Pierre Reymond. Ils pensent que leur frère plus jeune donnera, le moment venu, son assentiment. Leurs sœurs le fontt ainsi que leur oncle et leur mère. Un chanoine et le viguier de Romans figurent parmi les témoins. Cart. LXXVIII – RD 6262).

A Romans en 1218, dans la chambre de Guillaume Paroli, Odilon d’Estable formulait des griefs contre l’abbaye au sujet de prestations que, selon lui, elle devait sur plusieurs terres situées dans la paroisse de Saint-Marcel lès Valence et voisines de terres cédées par le doyen Lambert. Il disait les tenir du prévôt de Valence (Lambert) ce que ce dernier niait. Odilon prétendait en être feudataire. Il émettait d’autres récriminations concernant divers lieux dont des pâturages à Chatuzange. Un poulain d’une valeur de six livres l’aida à se désister. Parmi les témoins figurent Pierre, archiprêtre de Romans et un nommé André « messager » de l’abbé de Léoncel. (LXXXIII – 6434).

A Romans, le 2 septembre 1233, dans la maison de feu « Guelis », chanoine de Saint-Barnard, Arbert de Chabeuil, sacristain de la collégiale, concède en emphytéose à l’abbé Pierre et au monastère de Léoncel, deux manses à Saint-Martin d’Almenc, entre le chemin qui va à Meymans et les deux ruisseaux de Fleurs et d’Ozon, ainsi qu’une pièce de terre au Mandement de Pizançon, pour 40 livres viennoises d’introges (somme très importante) et un cens annuel de 10 sétiers de seigle à la mesure de Romans (0,84 hectolitre)et de 7 sétiers de froment, outre les trois sétiers de froment que les moines lui devaient pour une terre située en dessus de l’église de Puyssac et quelques autres. L’abbé promet le versement du cens, promesse qu’il appuie par l’hypothèque de tous les biens du monastère, clause de style. Parmi les témoins on relève l’abbé de Valcroissant, un chanoine, plusieurs bayles (ici. au service des principales familles nobles). Sceaux de l’archevêque de Vienne, du chapitre de Saint Barnard et d’Arbert de Chabeuil. (CXV-7240).

Leoncel Abbaye leoncel-abbaye-80.1 leoncel-abbaye-80.2  En 1234, Flote de Royans approuve la donation de la montagne de Musan, faite à l’abbaye par son aïeul Guidelin et ses fils. Sont témoins le viguier de Romans ainsi qu’un chanoine de Saint Barnard. (CXIX – 728).

Le 18 avril 1236, dans la maison de Richard de Chanssen, viguier de Romans, Bonne femme Béraude, épouse de Guillaume de Portes et son fils Guillaume vendent au prêtre Guigues d’Eras, qui achète pour le compte de l’abbaye de Léoncel, leurs droits dans le Mandement de Pizançon, au dessous de la route du Royans. Le prix arrêté est de 9 livres viennoises, Béraude donne encore 2 sétiers de cens pour le salut de ses parents. Approbation de sa fille Wilelmina et de son mari Garin. (CXXIII – 7440).

leoncel-abbaye-80.3En août 1238 Richard de Chanssen, chanoine de Romans et obédiencier (religieux qui par ordre de son supérieur dessert un bénéfice dont il n’est pas titulaire) de l’église de Charlieu, concède à la maison de la Part-Dieu 7 pièces de terre dans la paroisse de Charlieu sous le cens de 2 sétiers de froment (CXXVI- 7633).

En août 1239, dans la maison de Lantelme, capiscol (ou écolâtre, responsable de l’enseignement), Guillaume de Clérieux « maître » de l’église de Romans avec l’assentiment du chapitre de Saint Barnard alberge à l’abbé Pierre et au couvent de Léoncel le manse de Favila d’une contenance de 100 sétérées, pour 20 livres viennoises d’investiture (introges) et un cens annuel de 6 sétiers de seigle à la mesure de Romans, payables à la Saint-Julien. Témoins : Arbert de Chabeuil, sacristain, P Rendon et Armand de Peyrins, procureurs. Sceaux dont celui de l’archevêque de Vienne, Jean (l’archevêque de Vienne portait automatiquement le titre d’ « abbé » de Saint Barnard). (CXXVIII -7742).

Le 1er janvier 1245, Bernard Carvenz et son épouse Villelme donnent à Notre Dame et aux frères de Léoncel leurs droits sur le territoire de Merleira entre le ruisseau de Fleurs et celui de la Limace qui leur sont payés 8 (d’abord 10) livres viennoises. Comme ils faisaient partie de la dot de son épouse, Bernard en donne à celle-ci l’équivalent. Sceau d’Arbert de Chabeuil, sacristain de Saint Barnard (CXXXVII – 8115).

C’est aussi à Romans que le 22 février 1245 figure comme témoin l’abbé de Léoncel lors d’un arbitrage de l’archevêque Jean et du seigneur des Baux entre le comte de Valentinois et l’élu de Valence Philippe de Savoie, épisode très caractéristique du conflit dit des Episcopaux.(Hors cart. RD 8132).

Le 30 octobre 1248, à Romans toujours, Arbert de Chabeuil (doyen de Valence et Sacristain de Romans : beau cumul de mandat !) donne à l’abbaye les courtils de l’Arberteire, de l’Arnaudeire et de l’Everdeire, un vignoble devant la porte de l’église de Chatuzange, deux petites terres au dessus de cette église et la moitié de celle qu’il tient de concert avec Grattapalia. L’abbé et le couvent lui promettent de donner une pitance du fruit de ces terres au chapitre cathédral le jour de la Saint Apollinaire et de garder son souvenir et celui des siens. Approbation de son neveu Lambert de Chabeuil. (CLVIII – 8482).

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Alors que l’abbé et le couvent de Léoncel avaient coutume chaque année de prendre sur les biens de la maison de la Part-Dieu, leur domaine direct, de quoi célébrer à l’église de Romans l’anniversaire de pain et de vin d’Etienne Dain, prêtre de cette église, en reconnaissance des services qu’il avait rendus à l’abbaye, en rachetant les terres de Guenis de Barbières. En décembre 1249, alors que le monastère se retrouve sans abbé, Raymond de Beauregard et Raymond de Châteauneuf, prieur et cellerier, gérant provisoirement le monastère, s’entendent avec le chapelain de Saint Nazaire Ponce, procureur des anniversaires de l’église de Romans : moyennant 35 livres qu’ils lui donnent, Léoncel est exonéré de cet anniversaire (CLXIII – 8581).

A Romans, le 13 février 1253, Guillaume Merlez et ses enfants Pierre, Jean, Bernard et Oidelina, reconnaissent que le tènement de Merleira et deux manses situés entre le chemin qui va à Meymans et les deux ruisseaux Fleurs et Ozon sont du domaine direct d’Arbert de Chabeuil, sacristain de Saint Barnard, promettent de n’élever à leur sujet aucune difficulté avec l’abbaye de Léoncel. A la prière d’Arbert, l’abbé Guillaume leur donne 10 livres, destinées notamment à Oidelina, en augmentation de sa dot. Deux chanoines de Romans sont témoins. Sont apposés les sceaux de l’archevêque de Vienne, Jean, du Chapitre (collégial) de Romans et d’Arbert de Chabeuil (CLXXII- 8923).

Le 4 juillet 1257, à Romans, dans le nouvel œuvre de Saint- Barnard, Chabert Chanavatz ‘Hostun, chevalier, vend à Pierre de Châteauneuf, cellerier de Léoncel et acquéreur au nom de l’abbé André et du couvent, un pré au dessus du gué d’Eroa, six deniers de cens sur un jardin à Taney Rochefort et 2 pièces de terre joignant la route de Romans pour le prix de 14 livres viennoises. Approbation de son épouse Beatrix, de sa fille épouse du fils de Ponce de la Roche et de son frère Pierre Chanabatz, garant de Ponce de la Roche (CLXXXIV – 9349).

Le 16 mars 1261, dans la maison d’Etienne de Valence à Romans, Guillaume de Portes et son fils Jean, romanais, vendent à André, abbé de Léoncel, 2 sétiers de froment de cens que l’abbaye leur donnait sur des terres du Mandement de Pizançon au dessus de la route du Royans, pour 8 livres viennoises. Sceaux de Saint-Barnard et de Jocelme de la Tour, viguier de Romans (CXCVII – 9671).

Le 20 mars 1261, dans la même maison, Ponce d’Estable, sain de corps et d’esprit confirme à l’abbaye ses donations et ventes et celles de son père Odilon et se désiste de toutes ses réclamations. Sceau de Jean, archevêque de Vienne et du chapitre de Saint Barnard.(CXCVIII – 9674).

A Romans encore, le 31 mars 1261, dans la maison de Ponce de Valence, Jean Gibelius, romanais, vend à l’abbé André un champ de son franc alleu du territoire de Pizançon, touchant la route de Meymans, au prix de 100 sols viennois (5 livres). L’abbé le lui rend sous le cens annuel d’un sétier de froment à la Saint Julien, suivant les bons usages de l’église de Romans. Jean en investit l’abbé. Sa sœur Audis avait légué jadis à l’abbaye un sétier de froment de cens. Le chapitre collégial de Saint-Barnard appose son sceau. (CCI -9722).

Le 24 août 1261, dans la maison de Lantelme, capiscol de Saint-Barnard, Jean Eudreci, habitant de Romans, jadis de Pizançon, alberge à la maison de Léoncel 6 pièces de terre pour six livres viennoises d’introges et sous le cens de 1 sétier de froment. Puis il vend ce même cens à l’abbé André pour 60 sols viennois. Sa mère Poncia donne son aval. Sceau de Saint Barnard. (CCII – 9751).
A suivre,

Le 1er août 2015 Michel Wullschleger