Les délibérations du 19e siècle ici transcrites proviennent des registres du Conseil municipal de Léoncel conservés dans les archives municipales. L’intérêt de ces délibérations, prises entre 1855 et 1882, est double :
- d’une part, elles montrent la volonté d’autonomie de la nouvelle commune de Léoncel (créée en 1854) ;
- d’autre part, elles donnent, en justification de la création des foires, des éléments concrets sur l’économie rurale de Léoncel. Elles se lisent avec beaucoup de plaisir, décrivant des éléments des « travaux des champs » d’autrefois.
Illustration de titre : foire de Saint-Jean-en-Royans 1949 (Fonds Mémoire de la Drôme)
Cinq délibérations en 30 ans.
Le Conseil municipal de Léoncel a délibéré à cinq reprises sur les foires de la commune :
- 1855 : demande de reconnaissance de la foire de la Pentecôte et de création d’une foire le 27 septembre ;
- 1861 : renouvellement de la demande d’une foire le 27 septembre ;
- 1872 : renouvellement de la demande d’une foire le 27 septembre ;
- 1877 : demande de transfert de la foire du 27 septembre au 30 août :
- 1885 : demande d’une nouvelle foire le 19 septembre.
Ces délibérations sont données ci-dessous dans leur intégralité. A été ajoutée une lettre du maire de Léoncel au préfet, du 17 septembre 1876, sur la foire de Saint-Jean-en-Royans (Archives départementales de la Drôme, dossier 8 M 230).
Une procédure consultative. Trois autres délibérations pour avis.
La loi du 10 mai 1838 fixait les règles d’autorisation d’une foire : la commune émet une délibération, le préfet enquête sur l’intérêt de la nouvelle foire pour le commerce. L’enquête préfectorale est transmise au Conseil d’arrondissement puis au Conseil général. En cas d’avis favorable du Conseil général, une ordonnance royale (ou impériale) autorise la foire. L’approbation est devenue préfectorale par la loi du 20 septembre 1879 modifiant le régime du Conseil général.
L’enquête préfectorale comporte la demande d’un avis aux communes sises dans un rayon de 20 km. De ce fait, le Conseil municipal de Léoncel a délibéré trois fois sur des demandes d’autres communes :
- 1855 : foires de La Chapelle-en-Vercors ;
- 1864 : foires de Saint-Agnan-en-Vercors ;
- 1908 : foire de Bouvante.
Ces délibérations sont également transcrites, dans l’ordre de leur chronologie : même si elles ne concernent pas Léoncel, les attendus des deux premières éclairent les positions du Conseil municipal.
Le projet de Léoncel.
La délibération de 1855, l’une des premières prises après la création de la commune (1854), porte sur l’établissement de deux foires : une au printemps (Pentecôte), et une à l’automne (27 septembre). La foire de printemps permet d’acheter des bêtes pour l’embouche d’été, et la foire d’automne permet d’en vendre avant l’hiver, mais aussi d’en acheter pour « l’hivernage ».
L’établissement de foires est important pour le nouveau Conseil municipal :
- la demande montre que Léoncel a pris son autonomie par rapport aux communes dont il s’est séparé (Oriol, Châteaudouble, Le Chaffal) ; la foire n’a pas seulement un rôle économique, elle a aussi un fort rôle social (regroupement commercial et festif d’acheteurs, vendeurs, visiteurs), et elle prend, pour une nouvelle commune, une importance quasi politique : l’indépendance acquise est affirmée par la création de foires. On le voit bien dans la demande d’une foire au 27 septembre : la foire du 4 octobre à La Vacherie était à la bonne période, les éleveurs de Léoncel n’avaient pas un long trajet à faire, mais leurs élus ont préféré créer leur foire d’été, concurrente puisque plus précoce ;
- la création de foires locales facilite l’activité des éleveurs de la commune. L’élevage à Léoncel, comme dans les autres communes du Vercors méridional / occidental, se transforme à cette époque (voir Jules Blache, Raoul Blanchard). Les moutons et les chèvres ne forment plus le principal du troupeau, les agriculteurs pratiquent l’embouche de bœufs achetés au printemps et revendus à la fin de l’été, ainsi que l’élevage de juments pour vente des poulains de six mois. La pratique d’acheter des ovins pour l’hiver (« hivernage ») existe toujours (délibérations de 1861 et 1872). Il faut donc des foires sur place, au printemps et en fin d’été ou début d’automne, qui permettent d’éviter les déplacements coûteux des personnes comme des animaux.
L’enquête de Lacroix de 1860 (dossier ADD 151 J) note pour la foire de la Pentecôte de Léoncel : « On y traite les bœufs, les moutons, comme dans les autres foires. » La même année, une enquête préfectorale (ADD 8 M 400) précise qu’à Léoncel (comme à Bouvante, Le Chaffal, Omblèze, Plan-de-Baix) les foires ne servent qu’au commerce de bestiaux : on n’y vend pas de « denrées ». La vente des autres productions (céréales, charbon de bois, bois…) se fait donc autrement ; de même l’approvisionnement domestique.
La délibération de 1855 n’a abouti qu’à l’autorisation d’une seule foire, celle du lundi de Pentecôte. D’où le rappel de la demande en 1861 et en 1872. Une fois autorisée la deuxième foire, dès 1877, la commune demande à l’avancer du 27 septembre au 30 août. Et en 1885, elle en demande une troisième le 19 septembre.
Notons que cette demande d’une troisième foire rejoint ce qu’a obtenu Le Chaffal qui, en 1806, avait deux foires (lundi des Rogations et 22 juillet, Sainte-Madeleine) et en a trois à partir de 1834 (foire du 4 octobre).
Les demandes de nouvelles foires dans le Royans et le Vercors s’inscrivent dans un mouvement de création de foires au milieu du siècle, mouvement départemental comme national, lié à la transformation de l’économie et de la démographie françaises. En cela, Léoncel et Le Chaffal se montrent tout à fait intégrés aux évolutions du pays.
Les foires perdurent après la guerre de 1914/1918. En 1931, le calendrier des foires de la Chambre d’Agriculture de la Drôme note :
- trois foires « peu importantes » pour Léoncel : lundi de Pentecôte, 30 août, 19 septembre, en précisant que « la foire de Pentecôte est pratiquement tombée » ;
- trois foires « peu importantes » pour Le Chaffal : lundi des Rogations, 16 juillet, 4 octobre.
La foire de la Pentecôte et la Saint-Ennemond.
En 1855, le Conseil municipal déclare que la foire du lundi de Pentecôte s’est établie toute seule et a remplacé l’ancienne vogue.
On en déduit que la foire existait au temps où le hameau de Léoncel dépendait de la commune du Chaffal, avant 1854 : or on n’en trouve pas mention au titre de cette commune dans les documents conservés aux Archives départementales de la Drôme (ADD 8 M 157). Le plus ancien document, du 28 juin 1819, note deux foires pour Le Chaffal. Idem en 1821 et 1832. La foire de Pentecôte se serait créée entre 1832 et 1854 ? Ou était-elle moins importante que ne le prétend le Conseil municipal de Léoncel, et le Conseil municipal du Chaffal n’avait pas cherché à la faire autoriser ?
La foire s’établit le jour de la vogue ; cette vogue du lundi de Pentecôte, connue également sous le nom de « la Saint-Ennemond », a duré jusqu’au milieu du 20e siècle. Aujourd’hui disparue en tant que fête foraine, elle subsiste, le même lundi de Pentecôte, sous la forme de la « Fête du Sel » comprenant une bénédiction du sel destiné aux troupeaux, qui rappelle clairement la vocation agricole de la journée.
Saint Ennemond est un « saint agraire » régional, protecteur des troupeaux et récoltes. Sa fête est célébrée le 28 septembre : c’est-à-dire le lendemain de la deuxième foire communale.
La célébration de saint Ennemond se serait transférée au lundi de Pentecôte à la disparition de la foire du 27 septembre ? Notons que dans les notes de Lacroix (1860) sur Léoncel, l’église de Léoncel est dite dédiée « à la Sainte Vierge et à saint Ennemond », ce qui n’apparaît pas ailleurs (enquête diocésaine de 1824 : « Vocable de l’église : Sainte Vierge » ; visite pastorale de 1848 : « Patron : L’Assomption »).
LES HUIT DÉLIBÉRATIONS
Délibération du 4 juin 1855. Foires de La Chapelle-en-Vercors.
Maire : Joseph Benistand
L’an mil huit cent cinquante-cinq et le quatre juin, le Conseil municipal de la commune de Léoncel réuni extraordinairement en vertu de la lettre de Monsieur le Préfet en date du 12 mai 1855.
Monsieur le Maire qui présidait la réunion a donné lecture de la lettre de M. le Préfet de laquelle il résulte que le Conseil municipal de La Chapelle-en-Vercors a sollicité, par une délibération du 14 mai 1854, l’établissement de quatre foires qui se tiendraient le deuxième lundi des mois de décembre, janvier, février et mars, et que la commune de Léoncel est appelée à donner son avis.
Le Conseil municipal, considérant que ces foires se tenant l’hiver ne nuisent en rien aux travaux des champs qui sont entièrement abandonnés pendant cette saison dans les montagnes ;
Considérant que l’agriculture offre très peu de ressources dans les pays montagneux et que les bestiaux sont les seuls produits sur lesquels puissent compter des habitants des montagnes ;
Considérant que les bestiaux qu’on garde le plus longtemps ne sont pas ceux qui font le plus gagner mais bien ceux que l’on achète maigres et que l’on engraisse ou qu’on met en bon état ce qui ne nécessite des soins que pendant quelques semaines ;
Le Conseil municipal est d’avis qu’on ne pourrait trop multiplier les foires dans les pays montagneux pour faciliter les transactions, les foires susdites sont dans l’intérêt du commerce, et est d’avis qu’elles soient établies selon le vœu du Conseil municipal de La Chapelle-en-Vercors.
Fait et délibéré etc.
Délibération du 19 juin 1855. Foires de Léoncel
Reconnaissance de celle de Pentecôte et création d’une foire le 27 septembre
Maire : Joseph Benistand
L’an mil huit cent cinquante-cinq et le 19 du mois de juin, le Conseil municipal de la Commune de Léoncel, canton de Saint-Jean-en-Royans (Drôme), réuni pour sa session de Mai ;
Étaient présents MM Bodin Jean, Ollier Pierre, Bodin Macaire, Régnier Joseph, Besset Régis, Barraquand Jh, Pinat Jh, Grimaud Régis, Gresse Jn Pierre, Marcel Jean, Bénistand Joseph ;
Bodin Macaire a été nommé secrétaire de la session.
Monsieur le Maire a proposé au Conseil :
1° de prier le Gouvernement de vouloir bien reconnaître la foire de Léoncel qui se tient tous les ans le lundi de la Pentecôte et qui est très belle. Cette foire s’est établie seule et a remplacé l’ancienne vogue ; le Conseil municipal à l’unanimité a été de l’avis de Monsieur le Maire ; il désire que cette belle foire soit reconnue par le Gouvernement ;
2° l’établissement d’une foire qui se tiendrait tous les ans le 27 septembre ou le lendemain quand ce jour tomberait le dimanche.
Le Conseil, considérant que le besoin d’établir des foires à Léoncel se prouve facilement par celle de la Pentecôte qui n’a pu s’établir et remplacer l’ancienne vogue que parce que Léoncel est le centre et le rendez-vous d’un grand nombre de communes dont le principal revenu est le produit des bestiaux, outre que les montagnes du Vercors, de Lente, d’Ambel, d’Omblèze, de Bouvante, d’Oriol, de tout le Royans, du canton de Crest nord, du Chaffal, et de Combovin qui nourrissent un nombre presque infini de bêtes à laine, de bœufs, et de chevaux, promettent un très grand succès aux foires de Léoncel.
Cette commune achète au printemps et vend à l’entrée de l’hiver plus de bestiaux qu’il ne s’en trouve dans aucune foire, et peut par conséquent elle seule assurer le succès de ses foires.
De plus la position topographique de Léoncel où viennent aboutir les routes de Saint-Jean, de Bouvante, du Vercors, de Lente, d’Ambel, d’Omblèze, de Crest, de Peyrus et de Barbières qui s’y sont pour ainsi dire donné rendez-vous, prouve suffisamment quelle importance auront les foires de cette commune, combien elles seront utiles au commerce et avantageuses aux habitants des montagnes qui perdent beaucoup de temps au printemps pour acheter leurs troupeaux et beaucoup de temps pour les vendre à l’entrée de l’hiver. Les propriétaires gagneront beaucoup de temps et les troupeaux, qui perdent bien vite en voyageant, gagneront aussi beaucoup à être vendus près de leurs bergeries.
Le Conseil municipal est donc d’avis que la belle foire du lundi de la Pentecôte soit reconnue et qu’il en soit établi une seconde le 27 septembre, époque où les habitants des montagnes vendent leurs troupeaux.
Fait et délibéré. Etc.
Délibération du 19 juin 1855. Dossier d’enquête dans le dossier préfectoral ADD 8 M 230.
Avis des communes sollicitées : 13 ont répondu (pas de réponse pour Saint-Jean) ; 11 avis favorables ; 2 rejets :
- Bouvante : la foire du 27 septembre serait trop proche de sa foire du 6 octobre ;
- Montvendre est défavorable à la nouvelle foire du 27 septembre : « un plus grand nombre de foires dans la contrée serait plutôt nuisible qu’avantageux aux intérêts du commerce », mais la commune est favorable à la reconnaissance de la foire de Pentecôte pour « maintenir les droits et privilèges que l’usage a consacrés »).
Avis du Conseil d’arrondissement – Septembre (?) 1856. Rejet de la demande d’une foire le 27 septembre ; avis favorable à la foire de la Pentecôte. « Considérant que le nombre déjà trop multiplié des foires ne permet pas d’émettre une opinion favorable à la création de foire proposée pour le 27 septembre ; considérant qu’il y a moins d’inconvénient d’appuyer l’institution de celle qui a lieu en fait dans cette commune le lundi de la Pentecôte. »
Délibération du 20 mai 1861. Foires de Léoncel.
Renouvellement de la demande d’une foire le 27 septembre
Maire : Jean Bodin
L’an mil huit cent soixante un et le vingt du mois de mai,
Le Conseil municipal de la commune de Léoncel étant réuni pour sa session ordinaire de mai sous la présidence de M. Baudin [Bodin] en sa qualité de Maire ; présents : MM Baudin [Bodin] Macaire, Jean Grangeon, Jh Eynard, Jh Ollier, Joseph Pinat, Marcel Jean, Reynier Pierre, Bénistand Joseph, Grimaud Régis, Barracand Joseph, Conseillers municipaux.
Monsieur le Président donne lecture d’une délibération prise le dix-neuf juin mil huit cent cinquante-cinq par le même Conseil de Léoncel formant une demande motivée au Gouvernement pour la création d’une foire dans la commune qui se tiendrait annuellement le 27 septembre ou le lendemain si ce jour tombait un dimanche.
Cette même délibération portait également prière à l’autorité départementale de reconnaître celle existante depuis assez de temps et qui a remplacé, par elle-même et sans aucune demande préalable, l’ancienne vogue du lendemain de Pentecôte.
Il prie le Conseil de vouloir bien délibérer sur la grande nécessité d’une nouvelle foire à l’époque mentionnée tout en faisant reconnaître celle de Pentecôte.
Le Conseil,
Vu le rejet de la délibération ci-dessus rappelée, malgré toute la justice de la réclame ;
Considérant la situation topographique de Léoncel où se traitent journellement des marchés de toute sorte tous les dimanches une foule d’étrangers y viennent et ne s’en vont pas sans avoir payé quelques bêtes élevées dans le pays ;
Considérant que le 27 7bre est une époque qui conviendrait le mieux aux communes voisines où une foule de propriétaires sont obligés d’aller à une distance souvent considérable pour acheter ce qu’ils appellent leur hivernage, c’est-à-dire les moutons ou brebis qui doivent passer l’hiver dans leurs étables ;
Que la longueur des routes occasionne de la part des acheteurs, et même des vendeurs, un préjudice de toutes les manières. D’abord les acheteurs dépensent pour le déplacement beaucoup d’argent et perdent quelques fois plusieurs journées qui seraient employées à l’agriculture. Les vendeurs sont aussi dans le même cas, avec la différence que leurs bêtes, par la longueur de la marche, perdent de valeur, tandis que si elles étaient vendues dans leur pays de naissance, elles auraient un prix plus élevé ;
Est d’avis qu’une nouvelle foire et la reconnaissance de celle de Pentecôte (lendemain) seraient de la plus grande importance pour toute la montagne et les communes fixées aux rayes telles que Combovin, Châteaudouble, Peyrus, Barbières, etc. ;
En conséquence, il prie à l’unanimité Monsieur le Préfet de vouloir être assez bon pour appuyer de sa haute influence la demande ci-dessus,
Et le prie aussi de vouloir agréer les sentiments de la plus grande gratitude qu’ils sont pénétrés pour lui.
Fait et délibéré etc.
Pas de dossier d’enquête dans le dossier ADD 8 M 230.
Délibération du 12 mai 1864. Foires de Saint-Agnan-en-Vercors.
Maire : Joseph Benistand
L’an mil huit cent soixante-quatre et le douze du mois de mai, le Conseil municipal de la Commune, réuni pour sa séance de mai, a examiné la demande faite à la Préfecture à l’effet de créer ou de transférer des foires par la Commune de Saint-Agnan-en-Vercors.
Après en avoir délibéré, le Conseil municipal,
Considérant que la création de nouvelles foires à Saint-Agnan-en-Vercors ou le transport de celles qui y sont déjà, ne peut porter aucun préjudice à la foire de Léoncel qui tombe le lundi de Pentecôte et conséquemment sujette à variation ;
Est d’avis qu’il y a lieu de permettre à la commune de Saint-Agnan-en-Vercors la création de nouvelles foires ou le transfert de celles déjà établies pourvu toutefois qu’aucune d’elles ne soit fixée au lendemain de la Pentecôte.
Fait et délibéré. Etc.
Délibération du 21 janvier 1872 – Foires de Léoncel
Renouvellement de la demande d’une foire le 27 septembre.
Maire : Ferdinand Eynard
L’an mil huit cent soixante-douze et le vingt un du mois de janvier, le Conseil municipal réuni sous la présidence de Monsieur Eynard Ferdinand, Maire,
Présents MM Ollier Michel, Grimaud Régis, Gresse Louis, Vassal Daniel, Ponçon Régis, Bodin Jean, Pinat Joseph, Brénat Eugène, Bénistant Régis, Conseillers municipaux ;
C’est pourquoi Monsieur le Maire après fait connaître et ressortir la grande nécessité d’établir à Léoncel, canton de Saint-Jean-en-Royans (Drôme) une foire le vingt-sept septembre, prie son Conseil de vouloir bien délibérer sur un devoir si important ;
Le Conseil, considérant la situation topographique de Léoncel où se traitent journellement des marchés de toute sorte et où tous les jours, tous les dimanches surtout, une foule d’étrangers y viennent pour faire des marchés et jamais sans échanger quelques bêtes élevées dans le pays ;
Considérant que le vingt-sept septembre est une époque qui conviendrait le mieux aux communes voisines ; mais même aux communes beaucoup plus éloignées et où une foule de maquignons, de propriétaires, sont obligés d’aller à une distance très considérable pour acheter toute sorte de bestiaux, surtout des moutons et des brebis pour les hiverner, c’est-à-dire les faire passer l’hiver dans leurs étables ;
Qu’il est l’intérêt, et des acheteurs et des vendeurs, qu’il soit établi une foire à Léoncel pour ne pas dépenser leur argent en perdant quelques fois plusieurs journées toujours au préjudice de l’agriculture ;
Les vendeurs, même préjudice, on pourrait même dire plus, car leurs bestiaux perdent du prix en voyageant ;
Le Conseil est donc d’avis que cette foire, fixée au 27 septembre, est on ne peut mieux importante, en observant cependant que si le 27 septembre se trouve un dimanche, la foire se trouvera un lundi. Nous disons importante, surtout pour toute la montagne et toutes les communes approximatives aux rayes telles que Barbières, Peyrus, Combovin, Châteaudouble, Omblèze, etc. ,
Aussi Monsieur le Maire, tout son Conseil municipal, osent-ils prier Monsieur le Préfet, et dont la bonté, l’équité sont bien connues, de mettre toute son influence pour faire réaliser la demande ci-dessus mentionnée, et sans oublier de vouloir bien aussi agréer les sentiments de la plus vive Reconnaissance que Monsieur le Maire et le Conseil Municipal se sentent pénétrés pour lui,
Fait et délibéré. Etc.
Délibération du 21 janvier 1872. Dossier d’enquête dans le dossier préfectoral ADD 8 M 230.
Avis des communes. 41 communes ont répondu (pas de réponse pour Saint-Jean-en-Royans) ; 2 avis défavorables :
- Bouvante : rejet, en raison de la proximité de sa foire du 6 octobre (« à une époque rapprochée de seulement neuf jours de celle du Haut-Bouvante (…) ») ;
- Le Chaffal : rejet, en raison de la proximité de sa foire du 4 octobre, à moins toutefois que la date soit avancée ; à la même période il y a « plusieurs foires plus ou moins importantes : à Rochefort-Samson le 25 septembre, à Étoile le 29 du même et où vont généralement les habitants de la montagne pour y vendre leurs bêtes à laine, à Omblèze le 2 octobre, au Chaffal le 4, à Bouvante le 6. »
Avis du conseil d’arrondissement du 16 juillet 1872 : avis favorable à la création de la foire du 27 septembre.
Lettre du 17 septembre 1876 du maire de Léoncel au préfet, à propos de la foire de Saint-Jean-en-Royans.
Cette lettre et l’affiche jointe figurent dans le dossier ADD 8 M 230.
Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous adresser l’affiche ci-jointe annonçant qu’une foire aura lieu le 27 septembre à Saint-Jean-en-Royans. La foire susdite étant fixée au même jour que la foire de Léoncel qui lui est antérieure, je m’étais adressé à Monsieur votre prédécesseur pour que, dans le même canton, il n’y eut pas deux foires le même jour, il me fut répondu que ma réclamation n’avait pas de raison d’être du moment que la foire de Saint-Jean était fixée au 26 septembre, c’est-à-dire la veille de celle de Léoncel. Pour vous prouver, Monsieur le Préfet, qu’il n’en est rien, je vous prie de prendre connaissance de la pièce ci-annexée et ensuite de faire rendre justice à la commune de Léoncel qui possédait avant celle de Saint-Jean.
Dans l’attente d’une réponse favorable, daignez agréer,
Monsieur le Préfet,
Les sentiments très respectueux de votre très humble et très obéissant serviteur,
F. Eynard, Maire
Délibération du 11 novembre 1877 – Foires de Léoncel
Changement de date de la foire du 27 septembre
Maire : Ferdinand Eynard
L’an mil huit cent soixante-dix-sept, le onze du mois de novembre, le Conseil municipal de la Commune de Léoncel, réuni pour la tenue de sa quatrième session ordinaire de 1877, sous la présidence de M. Eynard, Maire ;
Étaient présents MM Bénistant Régis, adjoint, Baudin Jean, Breynat Eugène, Gresse Louis, Grimaud Régis, Ollier Michel, Pinat Joseph, Ponçon Régis, Conseillers municipaux, formant la majorité des membres en exercice ;
Considérant que la foire qui se tient à Léoncel le 27 septembre tombe le même jour que celle de Saint-Jean-en-Royans et que par conséquent les deux foires se nuisent réciproquement ;
Considérant, en plus, que les ventes de bestiaux élevés ou tenus dans la localité se font ordinairement vers la fin du mois d’août ;
Le Conseil municipal, sur la proposition de plusieurs de ses membres, demande que la foire qui se tient annuellement à Léoncel le 27 7bre soit transférée au trente du mois d’août.
Fait et délibéré. Etc.
Délibération du 11 novembre 1877. Dossier d’enquête dans le dossier préfectoral ADD 8 M 230.
Avis des communes : 33 communes ont répondu (pas de réponse pour Saint-Jean), toutes favorablement.
Délibération du 26 mars 1885 – Foires de Léoncel
Établissement d’une foire le 19 septembre
Maire : Joseph Grimaud
L’an 1885 et le 26 mars, le Conseil municipal de la commune de Léoncel, réuni pour la session de mars sous la présidence de M. Grimaud en sa qualité de Maire ;
Étaient présents MM Bénistant Régis, Bénistant Xavier, Grangeon Élie, Chabert Joseph, Vassal auguste, Gresse Louis, Fave François, Ponçon Adolphe, Vignon Joseph, Grimaud Joseph, maire.
Le Conseil considérant que la commune de Léoncel est une commune très montagneuse et très éloignée des autres ;
Considérant que le petit commerce qu’elle fait consiste seulement dans la vente de quelques bestiaux, tels que bœufs, chevaux, et moutons qu’elle élève en partie elle-même ;
Considérant que c’est vers la mi-septembre que la dite commune a à peu près terminé ses petits labours pour ensemencement de graminées, et qu’ensuite que c’est le moment que chacun des possesseurs des bestiaux désirait faire ses petites ventes ;
Considérant que les vendeurs ou les acheteurs faisant leurs ventes ou leurs achats que très minimement, et que courir de foire en foire pour ce petit pécuniaire absorberait à peu près tout le petit bénéfice qu’ils pourraient avoir s’ils vendaient chez eux et entr’eux ;
Par ces motifs susdits, le Conseil demande qu’une nouvelle foire soit créée dans la commune de Léoncel et qui se tiendrait le 19 septembre de chaque année ;
Le conseil espère que les communes voisines ne s’opposeront pas à cette nouvelle foire et prie M. le Préfet de vouloir bien adhérer aux vœux de la population de la commune de Léoncel.
Fait et délibéré etc.
Délibération du 26 mars 1885. Dossier d’enquête dans le dossier préfectoral ADD 8 M 230.
Huit communes ont répondu (pas de réponse pour Saint-Jean) : un avis défavorable, Bouvante.
Sur avis favorable du Conseil général, la foire est autorisée par arrêté préfectoral du 20 septembre 1885.
Délibération du 20 juillet 1908
Transfert de foire – Bouvante
Maire : Élie Raillon
Le 20 juillet 1908, le Conseil municipal s’est réuni sous la présidence de Raillon, maire ;
Présents MM Vassal, Grangeon, Fave, Bodin, Monier, Chabert, Eynard, Flandin.
Le président communique au Conseil une lettre de M. le préfet concernant le transfert de la foire du 6 octobre au 25 août demandé par la commune de Bouvante.
Le Conseil est d’avis à l’unanimité qu’il soit donné satisfaction à la commune de Bouvante.
Fait et délibéré le jour, mois et année susdits.
La commune de Bouvante a eu jusqu’à quatre foires : 29 avril, 29 juin, 8 août, 6 octobre. En 1931, elle en gardait trois : 29 avril à Rochas (lieu-dit de Bouvante-le-Bas, porté sur la carte d’état-major du XIXe siècle à l’emplacement du lieu-dit actuel Doucanet), 8 août à Lente, 25 août à Bouvante-le-Haut.