XIIIème DE QUELQUES CHARTES ELABOREES A VALENCE

Elles sont moins nombreuses que celles qui nous viennent de Romans, surtout si l’on élimine celles qui concernent les relations entre l’abbaye de Léoncel et le monastère de Saint Félix. Elles mettent en scène outre l’évêque et le personnel de l’évêché, l’official et la cour de Valence, et des chanoines de Valence et Die.

En octobre 1202 Pierre Bérenger d’Eurre fait don aux frères de Léoncel de 8 sols de cens et de la terre chargée de tasques pour laquelle ils les lui devaient. S’agissant de tasques, cette terre paraît résulter d’un essart. Ses frères Rostang et Guillaume approuvent. L’abbé Pierre et le couvent les rendent « participants de toutes les bonnes œuvres de la maison de Léoncel et de tout l’ordre de Cîteaux. Ils y ajoutent 4 livres viennoises. (Cartulaire : LXVII – Regeste Dauphinois 5800)

Le 11 novembre 1211, Humbert, évêque de Valence, renouvelle la charte de donation de son prédécesseur Falcon en faveur de la fusion de la maison de la Part-Dieu avec l’abbaye (LV – 5374). L’authentique charte était perdue. Humbert la renouvelle en en conservant toute la valeur. (LXXII – 6160).

En 1224, à Valence, dans la maison de Léoncel , Jordane veuve de Pierre de Revest et ses fils Pierre et Ponce concèdent à la maison de Léoncel et à son abbé Bernard au quartier des Chirons à Châteauneuf sur Isère, la terre que l’on appelle « Blache Ronde » ou « Beauregardet » au quartier du Revest , ainsi que 12 deniers de cens qu’elle prélevait à l’essart de Choron. Les moines lui versent 10 livres viennoises et lui accordent à titre de bénéfice personnel 6 sétiers de blé (froment et seigle) un muid de vin pur, 6 fromages, un porc de 3 sols et cinq toisons de brebis. Blache donne l’idée d’un bois de chênes ce qui compte tenu du recul de la forêt en plaine de Valence à l’époque, pourrait expliquer l’évidente générosité de nos cisterciens. (XCIII – 6732).

En mars 1244, sur la place des Clercs à Valence, entre la maison du viguier et l’église. Lantelme de Marches, chapelain de Valence (de la cathédrale ?) donne à l’abbaye de Léoncel les terres de ses ancêtres situées à Marches et dans son mandement. Et il appose son sceau à l’acte. Le viguier Guillaume est témoin. (CXXXIX – 8055).

Le 22 juillet 1247, dans la maison et en présence de Lantelme, archiprêtre du Royans Guy, fils de Bona Femina d’Alixan confirme, avec serment, à Ponce, abbé de Léoncel, la donation de sa mère. Parmi les témoins on trouve Guillaume prieur de Saint Felix, et Guillaume Lodonio, prieur de Montélier( prieuré augustin, congrégation de Saint-Ruf) Lantelme appose son sceau. (CLI – 8368).

A Valence encore, le 27 octobre 1248, dans la maison de l’Hôpital en présence de Guillaume official de Valence, Bertrand de Mornanton commandeur de l’Hôpital de Jérusalem de Valence, et de l’autorité de Bertrand commandeur de Saint-Gilles, vend à Ponce, abbé de Léoncel, au prix de 8 livres viennoises, ce que sa maison possédait dans la paroisse de Chatuzange, ainsi qu’une terre dans celle de Charlieu (CLVII – 8481).

Le 17 avril 1249, une transaction un peu complexe est acceptée par Ponce, abbé de Léoncel, et Falcon Brunerii de Lens Lestang, par l’entremise de Lantelme, archiprêtre du Royans, chapelain et chanoine de Valence, et dans la maison de ce dernier. Il semble bien que l’abbaye rachète un bien issu d’une donation ancienne et cédé ou vendu à Falcon et qu’elle abandonne le domaine et le cens levé sur un champ situé dans la plaine entre Lens Lestang et Beaurepaire. Les noms de lieux cités dans la charte et la toponymie conservée par nos cartes I.G.N. à 1/25.000 (quartiers du Petit Orme et du Grand Orme et le lieu dit « la Maladière) permettent d’affirmer qu’il s’agit de Lens Lestang et non de Lente comme beaucoup d’historiens l’ont cru. Voir notre article « une grange des cisterciens de Léoncel à Lente ? Vraisemblablement non ! » dans le Cahier de Léoncel n° 4 « Cisterciens de Léoncel , Chartreux de Bouvante (1988). Falcon se désiste et investit l’abbé de 26 sols et demi et trois émines de froment de cens, de quartauts de vin, de deux sétiers de châtaignes et de la maison de Moras donnés par Clément Fabri et achetés à l’abbé Arnaud par Falcon. L’abbé « abandonne le domaine et le cens de 8 sols sur un champ au quartier de l’Orme, dans la plaine de la maison des lépreux de Lens et donne 40 livres viennoises ». Cette transaction a l’accord de plusieurs religieux de Léoncel : Pierre d’Estable prieur, Jacques, sous prieur, Jean de Die, sacristain, Etienne du Chaffal, messager. Un juris consulte est présent et l’archevêque de Vienne, Jean, appose son sceau. Cette charte pose problème puisqu’il y est question d’abandons par des abbés de Léoncel de possessions cisterciennes, ce qui en principe était strictement interdit par l’ordre. (CLX – 8539);

leoncel-abbaye-82.1En 1253, Pierre Duran, chevalier et son épouse Bollotz, vendent à Guillaume, abbé de Léoncel, 12 deniers de cens qu’ils percevaient à Vayre et dans la paroisse de Puyssac , proche de Marches, pour un prix de 40 sols viennois auxquels l’abbé ajoute 100 sols par libéralité. L’abbaye continue sa politique de rachat de cens. Arbert de Chabeuil, doyen du chapitre épiscopal de Valence fait apposer le sceau de son chapitre à côté de celui de Pierre Duran. L’événement s’est déroulé dans la maison du doyen. (CLXXIII – 8929).

Le 11 décembre 1264, Chabert, habitant du château d’Alixan cède à l’abbé Dulcius, pour 25 livres viennoises d’investiture et un cens annuel de 2 sols, le bois de la Blachette près de la Voupe qu’il possédait en alleu franc de toute charge. Ce bois limite l’église et le prieuré de Coussaud et le chemin de Bagnols. Son épouse Rienz approuve moyennant deux sétiers et demi de fèves, 2 sétiers et une émine de froment et un fromage. L’événement a eu lieu dans la maison d’un chanoine de Valence. Parmi les témoins on note la présence de Thomas, prieur de Coussaud, de Guillaume d’Anse, chanoine de Saint Félix, de Jacques prieur de Léoncel et d’un notaire (CCXVII– 10204).

Le 24 novembre 1282, dans la maison de Raymond de Solignac, chanoine de Valence et de Die, en présence de Martin dit de Genève, cellerier de Léoncel et d’autres moines et convers, de Pierre de Salignac, damoiseau, Guenis, seigneur de Châteauneuf sur Isère, après « l’exhibition » (sic) par Giraud de Vassieux, abbé de Léoncel, de documents authentiques concernant des donations et concessions faites par ses prédécesseurs , notamment son père Raymond, les approuve et les ratifie bien qu’ils ne suscitent aucune discussion. Il confirme donc au monastère le droit de pâturage dans le Mandement et territoire de Châteauneuf de Noël au 1er Mai, avec faculté d’abreuvage à l’Isère et en excluant tout dommage dans les vignes, moissons et prés de fauche. La cour de Valence appose son sceau. Le lendemain, l’acte est ratifié par toute la famille de Guenis. Cette charte souligne à nouveau l’importance des archives conservées par les moines cisterciens. (CCXLVII – 12.508 et CCXLVII – 12509).

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Le 21 janvier 1284, à la Sainte Agnès et dans la cour de Valence, on enregistre une transaction entre d’une part Pierre de Romans, moine, et Jean, convers de Léoncel, agissant au nom de cette maison et, d’autre part, Rixente, veuve de Pierre de Châteauneuf sur Isère et son fils Guillelmet, par l’entremise de Ponce de la Balme, chapelain et chanoine de Valence et d’Arnaud Correa, prêtre et clerc de Saint-Pierre du Bourg (ancienne abbaye convertie en un chapitre de chanoines, qui était seigneur spirituel et temporel du Bourg lès Valence, concurremment avec le prévôt de la cathédrale de Valence, lequel joignait à son titre celui d’abbé du Bourg). Ceux-ci, après enquête de plusieurs jours déclarèrent que les religieux avaient le droit de conduire leurs troupeaux sur les terres de Rixente au territoire de Châteauneuf, que les animaux soient leur propriété ou qu’ils les tiennent « à mi-croît », d’y séjourner, de couper du bois à leur usage en respectant les taillis, du début de Mai à la Saint Michel (29 septembre), sauf à proximité du « monastère vieux » (premier monastère de moniales cisterciennes, fondé au hameau des Monestiers avant d’être transféré à Vernaison). Rixente reçoit 60 sols, son fils 10 et son beau-frère Gillermet Richaldi 3. Les religieux leur donneront chaque année une toison de laine et un fromage. Sceaux des arbitres de la cour de Valence apposé par l’official Girard. Fait dans cette cour à la Saint Agnès ( CCLI – 12659).

A Valence, le 4 août 1290, Jean de Genève, évêque de Valence et de Die atteste avoir vu et lu plusieurs chartes traitant de donations faites à l’abbé et au couvent de Léoncel de droits de pâturage au Mandement de Châteauneuf par les seigneurs de ce territoire Guinisius et ses frères, leur père Raymond, leur aïeul Guinisius, leur bisaïeul Raymond, Odilon de Châteaubourg, Humbert de Châteauneuf, Rixente, son fils Guillaume et leurs prédécesseurs, chartes scellées par les évêques de Valence Odon, Falcon, et l’élu Guillaume. Le prélat confirme ces aumônes et concessions et supplée, au besoin, à leurs insuffisances. Sceaux, témoins dont Guy, prieur de Saint Victor de Genève, Rodolphe Morret, curé d’Annecy et deux chanoines e Valence et Die. (CCLXIII – 13725).

Le 20 décembre 1292, Jean d’Echallon, official de Valence atteste qu’en présence de Jean de Vienne, notaire juré de sa cour, Lantelme Pupella d’Alixan a vendu à Ponce de Virieu, convers de Léoncel, deux sétérées de terre à Bagnol au Mandement du château d’Alixan, confinant la « Terre des ermites », au prix de 40 sols viennois dont quittance. Assentiment de son fils Janet Pupelli. Sceau de la cour de Valence (CCLXVII – 14135).

Le 20 avril1295, devant l’église de Saint-Jean (« qui est derrière celle de Saint Apollinaire ») Joucerand, fils de Guigues Bernardi approuve la transaction de son père avec l’abbaye de Léoncel. Parmi les témoins : Jacques, clerc d’Aiguebelle, habitant Saint Nazaire en Royans, notaire impérial et juré de la cour des comtés de Vienne et d’Albon, et donc lié aux dauphins de la famille des La Tour du Pin. Pierre d’Echallon, official de Valence, appose le sceau de sa cour.( CCLXXIII- 14511).

Le ler OCTOBRE 2015, Michel WULLSCHLEGER.