Les communautés religieuses et villageoises dans la reconstruction économique à la fin du Moyen Âge – 37e journée d’étude des Amis de Léoncel – Alixan, samedi 25 septembre 2021.
Photographie de titre : Guy Bichon
Le colloque (initialement prévu au mois de septembre 2020 à Hostun) s’est tenu samedi 25 septembre 2021 à Alixan (Drôme) dans la salle polyvalente communale, avec l’aide de l’association Les Amis du Vieil Alixan. Les actes du colloque seront publiés dans le Cahier de Léoncel n° 31, à paraître au printemps 2022.
Y. Veyrenche a ouvert le colloque en remerciant les conférenciers et les participants, les organisateurs et les Amis du Vieil Alixan, spécialement leur président Guy Bichon.
Il a présenté les enjeux du colloque : la période de la reconstitution économique est peu traitée, malgré la masse de documents. Les terriers, les registres notariés se multipliant à côté des cartulaires : mais ces actes de la pratique, nombreux, sont moins lisibles, en raison de leur usage particulier.
Le paradigme du déclin cistercien se fonde sur le repli urbain (conséquence de l’insécurité) et sur le déclin numérique (conséquence de la peste), mais rien ne permet d’affirmer que la spiritualité des établissements se soit relâchée. La période économique est difficile, mais on ne voit pas de renoncement des moines. Le colloque permet de faire le point sur les nouvelles approches sur une période marquée par l’émergence du collectif, le développement des échanges, les nouveaux rapports à l’écrit.
Guy Bichon a présenté l’histoire du village d’Alixan, son site marqué par la butte de molasse entaillée pour y établir église et château. Il a rappelé la richesse des relations entre Alixan et l’abbaye de Léoncel : donations de notables d’Alixan à l’abbaye, relations de voisinage avec les granges de la Voulpe et de Cognier, arbitrages des abbés entre paroisse et le prieuré de Saint-Martin de Coussaud.
« Le Liber composicionum et la stratégie documentaire de l’abbaye cistercienne de Mazan au sortir de la Guerre de Cent Ans. » Intervention d’Anne-Marie Michaux et de Laurent Haond.
Le « livre des compositions » est un cartulaire établi vers 1420 par l’abbaye cistercienne de Mazan, comme outil de gestion et d’aide au règlement des conflits. Son analyse éclaire la volonté de reconstruction des abbés.
« Lente et patiente reconstruction : les moines de l’abbaye de Saint-Martin de Pontoise face à la crise du XVe siècle ». Communication de Anne-Laure Alard-Bonhours.
La riche abbaye de Saint-Martin de Pontoise subit toutes les conséquences de la guerre. Les livres de comptes des abbés et prieurs, des receveurs et grenetiers, montrent le travail de reconstitution des ressources de l’abbaye. Le conservatisme économique de l’abbaye est efficace, puisqu’il aboutit à une recomposition de la rente.
Y. Veyrenche. « Les moniales cisterciennes de Vernaison : leurs archives, leurs domaines, de l’annexion manquée par Léoncel au début du XVIe siècle. »
La communication, partant de la précarité du monastère féminin de Vernaison, montre la gestion volontariste de la reconstruction : pas de pratique univoque, application d’outils diversifiés.
Magali Guérin-Chazaud, empêchée, n’a pu présenter son étude sur « La communauté villageoise de Dieulefit à la fin du XVe siècle : témoignage d’une certaine autonomie. »
« Les destinées contrastées de trois communautés humaines et religieuses du diocèse de Gap (Lemps, Saint-Cyrice, Clausonne) »
L’étude montre les points communs et les différences dans la reconstruction et la réoccupation du territoire, pour trois communautés de montagne, toutes les trois soumises à un pouvoir religieux (prieuré ou abbaye). Jouent le poids des formes antérieures, l’engagement plus ou moins fort du pouvoir religieux, l’organisation collective des habitants.
« Quel rôle pour les communautés rurales dans la reconstruction de la fin du Moyen Âge ? L’exemple du Valentinois. »
La recherche montre le rôle certain des communautés rurales dans la reconstruction : elles en sont à la fois bénéficiaires et actrices. En fin de période, apparaît un mouvement net d’encadrement et défense des communs.
En fin de colloque, présentation d’un travail en cours sur les « Vogues et fêtes à Léoncel, XIXe et XXe siècles ».
Pour préparer une « veillée de Léoncel », un groupe des Amis de Léoncel a mené un travail de recherches et d’entretiens, qui montre la vitalité des fêtes anciennes de Léoncel et La Vacherie, transposée dans la « fête du sel » moderne. La veillée, déprogrammée deux fois en raison de la situation sanitaire, sera organisée en 2022.
