XIIIème siècle : LES CISTERCIENS DE LEONCEL DANS LES MANDEMENTS DE MARCHES ET DE PIZANCON (Troisième et dernière partie)

A la Part-Dieu, le 22 mai 1262, nouveau rachat de cens. Ponce d’Estable, damoiseau, vend au prix de 20 sols viennois à André, abbé de Léoncel, 16 deniers de cens sur des terres à Chatuzange, 2 deniers de cens que lui faisaient Thomas pour un territoire entre la grange de la Part-Dieu et la terre de Sainte Marie de Romans et encore six deniers de cens aux Chaurers entre la terre et le pré de la Voupe. Le tout pour le prix de 20 sous viennois, répétons le. ( CCVIII -9865).

Le 18 mars 1263, Guillaume Didier d’Alixan, damoiseau, vend à l’abbé une terre au territoire de Bagnol, près de la terre des religieuses de Vernaison, pour le prix de 14 livres viennoises. Il se réserve un sétier de froment de cens. C’est un albergement .Le consentement de son épouse Jordane coûte aux moines deux sétiers de froment. Parmi les témoins on relève « Guillelmo, serviente abbatis » qu’Ulysse chevalier traduit « Guillaume, domestique de l’abbé ». Les temps ont changé ! (CCXI – 9966).

leoncel-abbaye-74.1Complexité féodale ! Vers 1264 l’abbé André rétrocède à Jean Gibelini de Romans un champ qu’il avait acquis de lui au territoire de Pizançon, près de la route de Meymans et entre les champs d’Adhémar de Curson et de Guillaume de l’Oche et exige un cens d’un sétier de froment. A la Part-Dieu, Ponce de la Roche, damoiseau d’Hostun qui avait ce champ dans son fief autorise l’abbé à percevoir ce cens et reçoit 10 sols viennois, des souliers et un fromage. Il déclare alors qu’il se trouve complètement payé et qu’il renonce à ce champ. Gibelini devient alors albergataire de l’abbaye. Faut-il souligner l’importance de cette archive ? (CCXV – 10 133).

A Romans, le 1er Août 1264, l’abbé Dulcis reproche à Guillaume de l’Oche habitant Pizançon et à sa femme Chaberte d’avoir fait couper et transporter du bois d’une forêt située à Montpéroux que feu Ponce d’Estable, père de Chaberte avait donné au monastère le 16 février 1247. Les parties prirent comme arbitres Pierre Fallavelli et François de Châteauneuf, chanoines de Romans qui après avoir lu les chartes de l’abbaye décidèrent que Guillaume devait à Dulcius 100 sols viennois et que son épouse et lui abandonneraient toute prétention sur cette forêt. La propriété de l’abbaye est donc confirmée, en présence de nombreux témoins religieux et convers. (CCXVI – 10 179).

Complexité féodale ! Le 4 janvier 1265, Guillaume d’Eygayla de Pizançon, ses frères et sœurs Bernard et Chalva, « vendent » à l’abbé une terre au territoire de la Part-Dieu pour 40 sols viennois. Satisfaits, ils se désinvestissent entre les mains de Bérard de Rochefort. Ces biens dépendaient en effet sous le cens de 15 deniers, de la dot d’Esparsuis, épouse de Bérard de Rochefort, damoiseau, celui-ci investit l’abbé. Fait en la maison de la Part-Dieu. En fait l’abbaye devient, à la place des « vendeurs », albergataire de Bérard. (CCXIX – 10 212).

Le 17 janvier 1265 Pierre et Chabert Chanavatz, frères, vendent pour 20 sols viennois, au cellerier de Léoncel un quartaut de froment de cens sur une terre de la Merleira (Saint-Martin d’Almenc). Leurs fils approuvent ce rachat de cens. Approbation le leurs fils (CCXX – 10 215).

Le 22 juin 1265 à Pizançon. a lieu une transaction entre deux bailes du château de Pizançon et la femme de l’un d’eux et Dulcius, l’abbé de Léoncel. Par l’entremise de Lambert, seigneur de Chabeuil et de Pizançon pour la parerie delphinale, de Francon de Châteauneuf, capiscol de Valence et de Bernard Flaviol, cellerier de Léoncel, ces bailes des château et Mandement de Pizançon moyennant 6 livres viennoises au tiers des plaids et investitures auxquels ils avaient droit sur un tènement au territoire de la Merleira donné, avec cens, au couvent par Albert de Chabeuil, sacristain de Romans. Abandon partiel de droits annexes dans le cadre d’un contrat d’albergement. Complexité de la comptabilité monastique ! CCXXI – 10 253).

Le 17 juillet 1265, Bernard, dit Merle de Pizançon et sa sœur Oidelina réclament au cellerier de Léoncel des moyens d’existence (alimentation et autres nécessités) à raison de la donation faite au couvent, par leur aïeul Jean, de terres proches de la grange de Merleira. Par décision d’un arbitre, ils y renoncent et reçoivent 4 livres et 40 sols viennois. On appose sur le texte les sceaux du chapitre de Saint Barnard et de Lambert de Chabeuil. Im portance des archives !(CCXXIII – 10295 )

Problème de date ? Le même jour, 17 juillet 1265, le damoiseau Galvaing, seigneur de la Roche Galvaing (Les Glovins à Saint-Julien en Quint ?) concède à Dulcius, abbé de Léoncel, tous les pâturages que son père Guillaume et lui possèdent au territoire de la Roche Galvain, sous le cens de 20 deniers et l’investiture de 20 sols viennois, étant sauf le droit de pâture pour lui et ses gens. Fait dans le cloître de Châteaudouble Témoins les prieurs de Châteaudouble et de Léoncel, Jean de Die (moine portier). Sceaux : prieur de Châteaudouble et seigneur de Galvaing. (CCXXII – 10296).

En février 1266 à la Voupe mais à propos de terres éparses dans la plaine, Odon d’Alixan affirme à l’abbé Dulcius que trois terres situées à Chaurère, aux Ayes et à Taponnière, limitant celles d’Adhémar de Curson et de Guillaume d’Oche avec un bois, et trois sols et huit deniers de cens lui appartiennent en toute seigneurie et justice. Il conteste en outre, la cession sans son consentement et à son préjudice pour un prix non équitable, de 17 pièces de terre et 2 bois situés à Bagnols, au Verne de Bagnols, à la Côte de Carcailles, aux Ayes, au pont de Romans, sur la route de Chatuzange, à Charlieu, au Sablon, près de Notre Dame de Romans, près du bois de Montpéroux… Les parties souhaitant l’arbitrage de Bernard, cellerier de Léoncel et de Guillaume Collaer d’Alixan, ces derniers décident qu’Odon doit reconnaître la validité des chartes scellées et ne prétendre à plus rien dans les limites formées par le chemin allant de Barbières à Romans par Charlieu et la route du Royans jusqu’au Rif et celle gagnant le château d’Alixan par la grange de la Voupe. Par souci d’apaisement, l’abbé donne à Odon 6 livres viennoises et 40 sols à son épouse et au fils Huydel. Grandeur d’âme. (CCXXV – 10 373).

Le 4 mai 1267, Ponce de la Roche, damoiseau d’Alixan et son épouse Aymare concèdent une pièce de terre à l’orient des côtes de Carcailles, sous le cens annuel de 6 deniers et moyennant 4 livres et 1O sols d’introges à un de Léoncel (Bernard Flaviol). C’est un albergement. Aymare renonce à son droit hypothécaire. (CCXXX – 10522)

leoncel-abbaye-74.2  Le 3 mai 1267, à la Part-Dieu, Lantelme d’Hostun, son épouse Alix et leur fils Humbert concèdent que les terres de la dot d’Alix au territoire de Bagnols, entre la grange de la Voupe et l’église de Chatuzange donneront la dîme à l’église de Saint Martin de Coussaud. Cette dîme porte sur les blés et les légumes mais pas sur les prés et les bois. (voir les archives de Saint-Félix)

En 127O ’épouse de Bernard d’Ai fait donation à l’abbaye de cens qu’elle levait sur les prés de la Part-Dieu et ailleurs. Petit à petit ! (CCXXXIII – 10 819).

En octobre 1270, deux frères, Bernard et Artaud Chavannatz, et Guillaume Galarandi vendent à l’abbé Aymar les dîmes qu’ils percevaient au 1/20° sur des terres à la Part-Dieu contigües au bois de Broyse, au manse de Favelas et à la cour de Marches pour le prix de 60 sols viennois. (CCXXXIV – 10 911)

A la Part-Dieu, en mars 1280, Adhémar de Curson, damoiseau cède à l’abbé Giraud et au monastère des pièces de terre à Vésia en Bayanne, touchant la terre de l’église de Besayes (prieuré ?), devant la grande porte de l’église de Chatuzange ainsi qu’un pré au Vernet de Charlieu. L’abbaye devra un cens de 4 sols, 12 deniers avec un sétier d’avoine et il reçoit pour introges 55 sols viennois. C’est un albergement. (CCXLII – 12 150).

Avant 1281 Esparsoys épouse de Bérard d’AIX, damoiseau fait don à l’abbaye de 4 sols 9 deniers de cens. Sceaux (CCXLIII – 12 228).

Le 13 juin 1281, à la Part-Dieu Esparsoys, pour fonder un anniversaire dans l’abbaye donne à l’abbé Giraud deux sétiers de froment aux Fromentaux sur Pizançon et 4 sols viennois de cens que lui font les défricheurs d’un bois entre Charpey et Rochefort. Elle confirme sa précédente donation. Bérard, son époux, pour compléter l’anniversaire donne 14 deniers de cens au territoire de Saint Martin d’Almenc et 15 autres près de la Royanera. Leur fille Alexandra, mariée à Falcon Bernardi, damoiseau de Charpey approuve dans la maison de son mari, moyennant 30 sols. CCXLIII- 12 294).

Le 20 octobre 1283 Adhémar de Curson, damoiseau, reconnaît, à la demande de frère Pierre de Romans, moine, avoir jadis vendu à l’abbé Giraud et au couvent 5 sols de cens sur la grange de la Part-Dieu, 3 sols et 7 deniers obole et 3 quartauts de froment sur la terre de Visia, dans la paroisse de Chatuzange et un quartaut de froment sur la terre de Raspallart dans la paroisse de Charlieu. Il fait don d’une émine de terre près de l’église de Chatuzange. Il reçoit 15 livres viennoises. Fait dans une boutique sur la place de Saint Barnard. (CCLI – 12 625)

Au sujet de la Part-Dieu et de la Voupe, dans une charte du 16 avril 1288, François de l’Oche, habitant Pizançon concède en emphytéose perpétuelle, à Pierre Roman, prieur , et à Martin, cellerier, sous le cens de 6 deniers viennois, deux terres et un bois séparés par le chemin de Romans aux Chaurers, limitant la terre de la Voupe, le bois de feu Adémar de Curson et la route de Valence . Il en investit par la tradition du bâton et reçoit pour cela 10 livres 15 sols. C’est un albergement qu’approuvent ses frères André et Jordan. Fait sur le plan des Côtes de Bagnols. Divers témoins dont le maître des troupeaux et le maître de la Part-Dieu, un baile de Pizançon et un notaire impérial. (CCLIX – 13 252)

Le 7 mars 1292 a lieu l’échange entre Roger, seigneur de Clérieux et de la Roche de Glun et Martin, cellerier, de deux pièces de terre proches de la grange de la Part-Dieu, à la Perrière entre la route de Romans et à Marches et celle de Romans à Rochefort contre une terre proche de Charlieu, au Plantier près de la terre commune des seigneurs du château de Pizançon, à la croix des Chalandoules. Investiture via le symbole d’un bâton. Fait à Romans sur la place (CCLXIV – 14 010)

Le 5 avril 1292, deux frères, Hugues et Pierre Armani de Pizançon reconnaissent devoir à l’abbaye 5 sols viennois et une émine de froment de cens. Ils promettent à l’abbé Giraud de Vassieux de les lui payer chaque année à la Part-Dieu dans l’octave avant la Toussaint pour donner au couvent la pitance (repas important offert aux moines) léguée par leur aïeul Armand Bajuli. Ils donnent comme gage un pré situé près de Charlieu, de la route de Romans et du ruisseau de Vaschio (CCLXV – 14 038)

En juillet 1293 à Léoncel, Jean évêque de Valence et de Die s’étant rendu compte de l’insuffisance des revenus de l’église de Saint-Martin d’Almenc pour l’entretien d’un curé et aussi de la pauvreté de l’église de Saint Mamans décide de les unir de sorte que Saint Martin soit une chapelle où le curé célébrera une fois par semaine. Il jouira des offrandes, revenus et de 2 sétiers de blé que l’abbaye s’engage à lui envoyer à la nativité de la Sainte Vierge. Le monastère de Léoncel percevra les autres dîmes. Les paroissiens recevront les sacrements ecclésiastiques dans l’église de Saint Mamans. Le curé portera le viatique aux infirmes et entendra la confession à domicile (CCLXIX – 14 213).

leoncel-abbaye-74.3Le 21 octobre 1293, Jean Eldrici, habitant de Romans, pour le salut de son âme, fait don d’une terre de son alleu au champ Nartant au Mandement de Pisançon, près du chemin de Romans à Marches. Il retient, sa vie durant 6 sétiers de froment de cens à apporter à Romans. Après sa mort on servira une pitance à la Part-Dieu, le jour de la Saint Michel. (CCLXX – 14250)

En 1294, l’abbaye de Léoncel est exonérée du paiement de 88 sols et de la livraison d’une livre de cire qu’elle devait à Eustache d’Hostun sur des territoires de la Part-Dieu (CCLXXII – 14 335)

A nouveau, le problème du passage des troupeaux de l’abbaye en transhumance. Le 9 mars 1295, devant l’église de la Part-Dieu est adopté un compromis entre Giraud de Vassieux, abbé, et Guigues Bernard, damoiseau, seigneur de Pellafol. Les arbitres Jean de Vachères, curé de Saint Nicolas de Beauregard et Guillaume d’Hostun, damoiseau, décident que les exactions de Guigues et de ses prédécesseurs sont oubliées sans qu’ils doivent d’indemnités, et que tous les animaux des troupeaux de l’abbaye pourront passer par Pellafol. (CCLXXIII – 14 480)

Le 15 février 1296, Bénarde Montfilla de Romans, et ses fils vendent au prix d 100 sols viennois, à Pons Guidoni, cellerier, un bois dans la forêt des Pinets qu’ils tenaient sous le cens de 6 deniers. Echange d’albergement. CCLXXV – 14 659)

A la Part-Dieu, le 29 septembre 1297 Michel Vernetone de Pizançon vend à Ponce Guidonis, cellerier de Léoncel, une terre à Carcailles au Mandement de Pizançon, au prix de 35 sols viennois. Il se dévêt entre les mains de Jean Bergarii, baile de héritiers d’Aymar de Curson qui investit par la tradition d’un bâton Achat ? Echange de contrat d’albergement (CCLXXXII – 14 956)

Au cours du XIIIème siècle l’implantation de l’abbaye s’est donc fortement consolidée dans la plaine de Valence et particulièrement entre Barb!ères et Romans, autour de la Part-Dieu. On retiendra la diversité des enjeux et des solutions. Nous n’avons traité que des relations tissées dans le domaine foncier par les moines de Léoncel avec des laïcs, il nous reste à évoquer les rapports qu’ils ont entretenus avec le clergé séculier et régulier.

1er février 2015. Michel Wullschleger.